LE POEMARIAGE
A chaque vers correspond l'élément associé à l'année de mariage, an 1 : coton, an 2 : cuir, an 3 : froment, an 4 : cire... Ainsi est constitué un mémento des années de mariage en un poème : le Poèmariage.
LE POÈMARIAGE En offfrande voici le Poèmariage Pour ma femme Brigitte et les couples mariés, C'est beau de voir deux coeurs au fil des ans alliés, Suivons les éléments de l'amoureux langage... Un an après Le Jour les noces de coton Peau contre peau ce cuir en douceur on avance S'élève le froment par grâce d'un silence La cire vers le ciel soupire le sait-on Un bras portant le bois salue en rameau dense Est-ce une île que chypre a bue avec un pan Chou comme toute laine et comme tel élan Quand un coquelicot vibre une rouge danse Lisse de la faïence où l'étoile a miré Ses larmes en étain coulé coulant en jeanne Pour le corail des jours si le corps doux se liane Des vocables de soie au sourire adoré Offrons-nous le muguet au mai de nos clochettes Et le plomb bleu du temps s'égayant dans les lys À travers le cristal d'appel plus loin que six Un chausson de saphir délesté dans les fêtes Une rose a parlé de juillet à juillet Qui sur une eau turquoise a fait trembler l'ivresse De la beauté cretonne étonnant sa caresse La paume porcelaine est un cygne douillet L'opale dans l'eau claire a chanté l'inédite Parole de mots bronze en des rayons sucrés Béryl en la demeure aux périls réparés Aux souliers de satin que le Royaume cite L'argent de nos cheveux fait le bonheur sablé Une maison de jade a son air authentique En acajou de joue où joue une musique Le ciel sera nickel en agitant le blé L'amour rime velours veloutant ses cadences La vie est une perle au collier d'éternel Ô basane du vent qui s'agace du bel Ô cuivre de trompette où tissent des sciences Porphyre était l'empire au souterrain secret L'ambre des arbres vieux respire la profonde Ce rubis océan qui fait le jour du monde Blancheur de mousseline où neige tournoierait |
Dans un petit papier glisse un petit navire Le messager mercure y transporte l'envol Jusqu'à crêpe oublieux des ramures au sol Aimer une émeraude a le coeur qui chavire Écoutons dans le fer un souple vibrato Que la nacre reprend par l'écho volontaire La flanelle insistant ne voudra pas se taire En topaze allumant ses feux dans le château Si tel soleil vermeil illumine un nocturne Embaume la lavande au sud des boulevards Jouer à cachemire alliera nos hasards L'âme de l'améthyste inscrira voeu dans l'urne Ô cèdre des Libans les racines ont faim Et soif ! un jubilé le fameux or honore Le camélia des coeurs grandit toujours encore Précieuse tourmaline à rêver au parfum Le merisier se voit en abondantes tables La zibeline est vue éclair presque parfait Tu sais pour l'orchidée une idée et son fait Le lapis-lazuli colorerait les sables En source une azalée a ravi son buisson Dans un alcool d'érable est-ce l'impondérable Vision de vison traversant vif le stable L'éternel diamant sacre notre chanson Nos initiales sur un platane se gravent Comme l'ivoire où se signent les éléphants Fragrance de lilas renouveau des printemps Quand court un astrakan vers les astres des gaves Palissandre odorant ardeur de nos forêts Ce jasmin dans la main rend suave la route Le chinchilla, qu'il ronge et la peur et le doute ! La vie est un granit sur quoi des parfums frais... Ô mélèze du Temps par-dessus toutes choses La platine en douceur pour tant de souvenirs Soixante-quinze albâtre et tous les avenirs Quatre-vingts ans de chêne et des milliers de roses!! On peut s'approprier ce langage du coeur En fleurs, en matériaux, en minéraux, en arbres, Oui relevons les mots du socle de leurs marbres, Chaque Poèmariage avive le bonheur. Texte 10 977 de Laurent Desvoux écrit en Île-de-France en juillet 1996, retravaillé en juillet 2003. |