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Les Jours, les Vers et les Années par Laurent Desvoux
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13 mai 2020

Au Galop bleu de la beauté, livre en hommage à Apollinaire, en créativité poétique, d'Alcools aux Calligrammes par L3D

 

 AU GALOP BLEU DE LA BEAUTÉ

 -      CES « QUINTILÈNES »

 

 

De Cantilène aux Calligrammes du futur

 

Coup de chapeau littéraire à l’Apollinaire

 

 

 

Par Laurent Desvoux-D’Yrek

 

**

 

 

     Ci-après : présentation, article le présentant dans une revue de poésie et pages d’extraits significatifs du livre au fil de ses 3 Actes de 2013 à 2018.

 

     A propos de quintils, ceux de Guillaume Apollinaire m’ont inspiré sur plusieurs années ! Patrick Picornot, poète et président d’association poétique, m’a fait l’honneur de présenter mon livre hommagial et créatif à la figure du poète des quintils d’Alcools et ceux des Calligrammes dans un article de la revue de poésie « La Rose des Temps » !

 

     Auparavant, Jean-François Blavin avait retracé les 3 Actes de mon livre en sa préface, poète proposant sa subjectivité, combien sensible, pour réagir à la lecture qui peut et veut dérouter pour remettre sur le chemin d’Apollinaire.

 

     Peu après le 16 décembre 2019 ce furent un autre plaisir et un autre honneur de recevoir une lettre de Jack Lang, ancien Ministre de la Culture puis de l’Education Nationale et actuel Directeur de l’Institut du Monde Arabe (que j’avais sollicité en lien avec le « Printemps des Poètes » qu’il a participé à créer après La Fête de la Musique) :

 

     « Monsieur,

 

     Je vous remercie de m’avoir fait parvenir votre très beau livre Au Galop Bleu de la Beauté – ces Quintilènes. Cetouvrage rend hommage avec brio à Guillaume Apollinaire à ses poèmes, à son talent. Légers et musicaux, nous nous amusons gaiement à la lecture de vos poèmes.

 

     Votre créativité stupéfiante m’a replongé dans l’univers de ce grand auteur et je vous en sais infiniment reconnaissant.

 

     Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les plus distingués.

 

     Jack Lang. »

 

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    Au galop bleu de la beauté – ces « quintilènes » de Laurent Desvoux-D’Yrek, Éditions Unicité, Saint-Chéron, 4e trimestre 2018 – 14,8 × 21 cm ; 248 p. – 16 €.

     De Cantilène aux Calligrammes du futur.Coup de chapeau littéraire à Apollinaire. Par l’homme sur le pont Laurent Desvoux-D’Yrek.

     Autre hommage à Guillaume Apollinaire à l’occasion du centième anniversaire de sa mort survenue de 9 novembre 1918, cet ouvrage a le mérite d’une réelle originalité et d’une étonnante inventivité. Polymorphe, foisonnant, débordant, cet ensemble de proses et de vers obéit néanmoins à une rigoureuse structure en trois actes : une première série de douze douzaines de quintils pour le premier centenaire d’Alcools (1913-2013) ; une seconde série de six douzaines de quintils pour le premier centenaire de Calligrammes, et proses annexes ; poèmes inspirés par Apollinaire et les poètes, poèmes du jeu des sept couleurs, poèmes et lettres sur le thème des ponts.

     En son excellente préface intitulée Chapeau l’artiste ! le poète Jean-François Blavin se demande avec pertinence « comment qualifier cet étrange objet dont (il) tourne, un peu dérouté, les pages bruissant d’allusions subtiles et de mille acrobaties avec les mots ! » Oui, étrange, intrigant objet, acrobaties verbales. On peut presque là songer à un Théodore de Banville s’évertuant en « funambule » à inventer d’autres ressorts à la rime et aux courbures du vers. Et Laurent-Desvoux-D’Yrek demeure, quoique parfois peu soucieux de la consonne d’appui, l’un de ces poètes talentueux qui croit toujours aux vertus de la rime et de ses encore possibles ressources d’inventivité. Et sa mise en pratique est particulièrement démonstrative ! Enfant d’une famille de comédiens, poète profondément ancré dans la pratique de l’oralité, il se voit présenté par le préfacier en « prestidigitateur, joueur de bonneteau agile ». « Joueur », oui, le mot semble essentiel. Si Malherbe eut la cruelle ironie de dire que le poète ne valait guère mieux qu’un « joueur de quilles » (sous-entendant dans la société), il est vrai que ledit poète, de décennie en décennie, va même jusqu’à devenir le chien qui chamboule le trop sage « jeu de quilles », s’amusant de toutes les règles et jonglant à l’infini avec nombres et mots. Car il y a chez Laurent Desvoux-D’Yrek du Raymond Queneau sous roche, de ce chien et chêne voulant réconcilier par la verve, l’agilité intellectuelle et l’humour ces deux univers qui ont été depuis trop longtemps présentés comme inconciliables (ou irréconciliables ?) : les nombres et les mots. Or, tout vrai poète sait que cette obstination à séparer les nombres des mots est une duperie, pire : une atteinte à la vie. Les nombres font partie intégrante du langage et a fortiori du langage poétique !

     L’auteur s’intéresse ici de près au quintil octosyllabique, très apprécié par Apollinaire, et déploie tout un échantillonnage de possibilités formelles et ludiques sur la base du nombre 5 pythagoricien : acrostiches, palindromes, anaphores… Il montre aussi que tout comme le quatrain chez les Latins ou les Malais (pantoun), ou encore ce tercet qu’est le haïku chez les Nippons, le quintil peut être considéré comme une véritable strophe-poème. Rappelons aussi qu’avant la suprématie du haïku existait aussi au Japon le tanka (« chant court » 5-7-5-7-7).

     Non forme fixe mais strophe-poème, le quintil de Laurent opte en général pour la formule rimique croisée (a b a b a), soit trois rimes masculines pour deux féminines, ou l’inverse. Dans certains cas, à la manière de Louis Aragon, il use d’homophonies accordant féminines et masculines. Plus rarement, nous pouvons lire aussi des quintils monorimes.

     À partir de cette structure inamovible de 40 syllabes (8 × 5), le poète se livre à des jeux multiples. Reprenant la technique du cut up, l’une de ses séries de quintils insère en 1ère position un octosyllabe qui n’est autre qu’un fragment du journal Le Parisien lu le matin dans un café. Toujours en premier vers, dans une autre série, il opère des collages de bribes de conversation de café. Toujours sur le même principe sont capturés des échantillons de dialogues entendus dans les transports franciliens.

     Ces quintils affirment donc un art du mouvement. Le poète dans la ville.

     Le poète à l’écoute des vivants, en observation permanente des espaces, des calicots, publicités, enseignes, panneaux… Le premier octosyllabe cueilli en milieu urbain devient amorce du quintil. Il laisse trace d’un itinéraire : Tabac du Petit-Robinson ; Autorisation de travaux ; Chantier interdit au public ; Fête foraine pour enfants… Bien sûr, le Surréalisme n’est guère loin. On pense par exemple au titre du recueil collectif de Breton, Char et Éluard, Ralentir Travaux. D’autres poètes se sont aussi amusés à relever des octosyllabes appartenant à la signalétique dont le fameux Un train peut en cacher un autre de la SNCF, ou encore, toujours à la SNCF, en message vocal sous forme d’alexandrin : Prenez garde à la marche en descendant du train. Une vraie poésie populaire du quotidien… Mais non si loin dans le temps, les enseignes, les accroches urbaines interpellaient certains groupes du rock français au mitan des années 1970 dont le plus connu reste Téléphone – du temps révolu où les cabines téléphoniques faisaient partie du paysage parisien…

D’autres vers liminaires, toujours imprimés en italique, sont empruntés au recueil Alcools. En une autre douzaine de quintils (60 vers), ce seront leurs titres dissyllabiques qui seront de simples mots eux aussi extraits d’Alcools : Pentacle ; Herbes ; Vigueur ; Étoiles… Toujours détournés du même recueil tutélaire, des mots de cinq lettres constitueront des échelles pour autant de quintils-acrostiches : Vigne ; Brise ; Ville ; Éclat…

     Voici le principe de base de construction de ces diverses séries de quintils, multipliant les jeux à l’infini, le poète reliant sa parole à celle d’Apollinaire ainsi qu’aux réverbérants échos du monde, sonores ou visuels. Citons pour finir un quintil construit à partir d’un octosyllabe capté dans un café (Série 03 : Quintils de café) et intitulé Reliques : « C’est pas loin de la République/Que j’allais voir le Président/Pour un échange de répliques/Laissées passer entre les dents/Comme mes quintils alcooliques.

 

     Patrick PICORNOT, « La Rose des Temps »,

numéro de mai-août 2019. Numéro 34.

     (Et, juste après, il y avait un article sur un livre cardinal de poésie ! :  Nous, l’Europe – banquet des peuples de Laurent Gaudé, Éditions Actes Sud, Arles, 2019 – 11,5 cm × 21,6 cm ; 185 p. – 17,80 €.)

 

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Préface du Galop bleu de la Beauté par Jean-François Blavin

 

Chapeau l’artiste !

 

Qu’est-ce qui peut ressortir le plus à la gageure que de tenter de rendre compte de l’opus de Laurent Desvoux-D’Yrek « AU GALOP BLEU DE LA BEAUTÉ ces « Quintilènes » – De Cantilène aux Calligrammes du futur / Coup de chapeau littéraire à l’Apollinaire / Par l’homme sur le pont Laurent Desvoux-D’Yrek – Éditions Unicité » ?

À quoi, en effet, ai-je maille à partir, comment qualifier cet objet étrange dont je tourne, un peu dérouté, les pages bruissant d’allusions subtiles et de mille acrobaties avec les mots. Je vais me contenter de livrer mes réactions de poète, en toute subjectivité.

Je découvre un préambule enlevé, tissé des citations de la petite communauté des poètes amis de l’auteur. Et, comme il a adopté un plan de facture théâtrale, l’ouvrage étant articulé en 3 actes, je l’imagine debout devant le rideau encore fermé dans un élan de déclamation liminaire, retardant notre impatience à aller déjà plus loin.

Le rideau s’est levé avec l’acte I, Quintils pour le premier centenaire d’Alcools de 1913 à 2013 « Ta poésie Alcools 100 ans toujours au temps ».

C’est la célébration d’Apollinaire grâce à l’écriture particulière de Laurent Desvoux ; Apollinaire, cet immense poète qui surgit après Baudelaire à la fois dans la modernité (pas seulement par la ponctuation blanche) et ancré dans la tradition, l’histoire, le passé. Et déjà s’annoncent les prédilections de notre poète pour certaines formes fixes. Celle du quintil, par exemple ; les personnes souffrant d’une addiction à cette structure savent bien qu’il s’agit d’une strophe ou d’un poème de cinq vers, bâti sur deux rimes ou, autre possibilité, en vers libres.

L. D. D. y va de toute son originalité décapante associant toute sa série de quintils à des vers d’Apollinaire, avec une classification très ludique. Je pense entre autres au quintil de café : « Ris pas- Les standards de vie étaient pas/ Les mêmes donc c’est difficile/ De comparer les jours à Pa/ Ris c’était presque une autre ville/ Où déjà je mettais mes pas ».

Chapeau l’artiste ! Je dirais même, insolence ou effronterie !  []

Parvenu à l’acte II, les quintils sont proposés pour le centenaire des Calligrammes de 1918 à 2018 avec toujours leur « magie poétique décisive ».

Sur la matière « apolliniaresque » (je risque le terme) notre poète planche, toujours endiablé, en métamorphoses de mots. Il s’inflige avec bonheur toutes sortes de contraintes d’écriture qu’il nous expose : des vers ou des parties de vers issus des Calligrammes. On comprend l’engouement de L.D.D. pour cette forme, véritable poème-dessin ; il y faut, en effet, l’exigence visuelle pour représenter l’objet et le poème vrai, c’est-à-dire la composition de mots.

L. D.D., sur tout cela se déchaîne []

L’Acte III est intitulé « Quelle est la couleur du Pont Mirabeau par galop bleu ? », « Ponts, réponses, répons, galopons, galopons ! » en est un des sous-titres.

Le choix du terme « Ponts », cela revient plusieurs fois dans le livre, me paraît significatif de l’esprit du recueil : le pont, c’est-à-dire ce qui relie, ce qui réfute la notion de frontière : il s’agit de la rencontre fraternelle entre les hommes, programme ambitieux !

Par ailleurs, nous allons découvrir à ce stade une autre passion de l’auteur toujours au service d’Apollinaire par la forme de l’Estrambot que fait renaître son sectateur Laurent ! Vous savez, ou vous ne savez pas, qu’il s’agit, dans sa forme cardinale, d’un sonnet auquel on ajoute un tercet. Un peu, me semble-t-il, comme si je commandais un café allongé. Et je me garderai d’évoquer le fameux sonnet boiteux – et admirable – de Verlaine. []

Le tourbillon des pages se poursuit avec aussi des textes de nature différente, je citerai des courriers plus théoriques entre divers correspondants, et aussi l’éblouissante invention de la pétition – en 2018 cette fois ! – « LIBÉRONS IMMÉDIATEMENT APOLLINAIRE !». []

      Lisons d’un trait, au galop, ou à plus courte bride, et revenons-y à ce « GALOP BLEU DE LA BEAUTÉ » auquel nous convie L.D.D., ce poète qui nous exprime tout son vertige d’être hypersensible, toute une belle folie qui se délie et se déploie à l’image de la fameuse transe, nommée inspiration.

Ne manquons pas ce rendez-vous avec le talent, engageons-nous dans les allées enchantées où nous portent les pas du poète qui chante Apollinaire.

Jean-François BLAVIN, Sociétaire de la Société des Gens de Lettres, animateur de rencontres littéraires, comme naguère « Du côté du Pont Mirabeau » et encore aujourd’hui « La Cave à poèmes » ou « Les Ricochets poétiques ».

 

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Note 4 de Laurent3D55 au 24.10.18 :

     Apollinaire est un sympathique géant qui a fait entrer la poésie dans l’ère moderne, comme Baudelaire avant lui et tous deux sont des repreneurs de formes anciennes rendues par eux à l’apogée, ils ont aussi forgé des formes nouvelles et exploré des territoires, pour l’un le poème en prose, pour l’autre le vers libre, le calligramme. On néglige de considérer Apollinaire comme un géant, comme un Albatros, car à l’instar d’un Robert Desnos ou bien avant, un Joachim du Bellay, il nous fait entrer dans son universel personnel avec une intimité qui nous donnerait l’envie de lui tapoter l’épaule ou de l’accompagner dans ses balades à pied ou en auto. Apollinaire au-delà d’être le poète de la confidence ou de la plainte ou de la camaraderie, est un poète qui se projette en des lieux multiples, les lieux de son passé comme les lieux d’époques inaccessibles de jadis ou du futur, il projette sa personne et la figure du poète, plus loin que sa condition mortelle, dans une dimension cosmique qui agrandit considérablement sa sphère lyrique. Mais non ! sympathique n’est pas péjoratif, ni réducteur.

     J’ai la conviction qu’Apollinaire qui a tant inspiré de poètes, d’artistes et de démarches, peut engendrer la poésie de l’avenir. Sous le prétexte de deux centenaires : 2013, celui d’Alcools et 2018, celui de Calligrammes, au printemps, nous pouvons œuvrer en poésie à partir des merveilleux quintils et de leurs possibilités encore largement sous-exploitées, comme à partir des possibilités de dessins et de couleurs que recèlent les derniers textes du poète, hélas les feux d’artifice colorés et sonores des obus du ciel de la Grande Guerre ont détourné le cours de son destin poétique. En effet, le centenaire de Calligrammes est aussi, mais en automne, celui de la mort de Guillaume Apollinaire. Que cette année ultime des commémorations de la Première Guerre Mondiale soit celle de la renaissance de l’inspiration des poètes par qui traversa des zones, des ombres, des ponts, des portes, des blancs ruisseaux, l’or des nuits et des villes du monde à dialoguer. Et je me veux passeur de cette inspiration, un passeur sur le pont, sachant que le Poème, si absent de nos jours prosaïques, ouvrés, à recherche de rendement et si nécessaire à nos consciences, à réveiller et révéler avec un regard qui sait le voir jusque dans les journaux de prose, les affiches ou les transports, est aussi ce « beau Phénix s’il meurt un soir / Le matin voit sa renaissance ».

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PRÉAMBULE EN COULEURS, VENDÉMIAIRE (20)18 :

 

SOUVENANCES D’AUTEURS BLEUS, JAUNES, LILAS, ROSES !

 

     Les couleurs de nos Lettres, voyelles, consonnes…

     Entrez, trouvez ici des citations célèbres ou non, traversées de couleurs, je les ai rangées selon l’ordre alphabétique des 50 auteurs révélés après cet ensemble.

     Devinerez-vous au son ou à la couleur de ces phrases l’identité de qui formula et faire jouer les souvenirs de phrases à revenir au trot ou au galop ou à ne revenir pas, mais aussi de la « petite musique » propre à chaque écrivain et poète ?

     On trouvera aussi des citations de scientifiques et d’artistes qui manient la plume quand ce n’est pas un microscope ou un pinceau. Une phrase en italique donne des indices pour savoir qui a écrit chaque citation mystère.

    « Le Galop BLEU des souvenances / Traverse les LILAS des yeux » Et « Il retrouve dans sa mémoire / La boucle de cheveux CHATAINS / T’en souvient-il à n’y point croire / De nos deux étranges destins ? » Un poète qui mal aimé et mal aimant en fit chanson.

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    « Tu te hâtes plus tard le long des quais Robert / Quand Paris se défarde et peu à peu s’éteint / Au geste machinal que fait dans le matin / L’homme BLEU qui s’en va mouchant les réverbères »

     Poète, il chanta les Poètes, s’essaya à tous vers, à toutes formes.

 

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     « Il regarde le ciel. Ce qu’il en reste. Il n’y a plus beaucoup de ciel, par ici. Des morceaux. Quelques nuages. C’est tout.

    Le ciel est BLEU comme une chaîne. » Romancier, aux traces d’Apo, de la Joconde, il remonte la pelote ! (voir ci-après p 24 rencontre du 16 mars 2019 « Apollinaire et les femmes de sa vie »)

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     « Mon cœur ne sera plus qu’un bloc ROUGE et glacé », « De l’arrière saison le rayon JAUNE et doux ! », « Mais le VERT paradis des amours enfantines », « Si par une nuit BLEUE et froide de décembre »  Extraits alex colorés des pépites d’un poète mots-dits, dégotées par Georges Pompidou, Président lettré. [

 

    Acte I du livre Au Galop bleu de la Beauté

 

ATELIER D’ARTCRITURE APO-ÉTIQUE

Vin(gt) propositions plus une ?!

Atelier d’écriture en transports de « haut vool » !

Pour des poèmes inspirés du cher Alcools de Guillaume Apollinaire.

« Zone » et après…

     1) Atelier d’écrire un poème sur l’ancien et le neuf en évoquant des moyens de transports après les premiers avions : hélicoptères, fusées, navettes. Et le Bateau-Ville de L’Haÿ-les-Roses. Et l’Oiseau Roc de « Zone » et des Mille et une Nuits. Et le train qui relie et la petite auto entre deux mondes, entre deux temps décisifs, entre la vie et la mort, entre la mort et la renaissance. Y évoquer les histoires, les cultures, les religions du monde, les colombes et les troupeaux d’autobus. Reprendre l’anaphore « Te voici » adaptable avec d’autres pronoms.

     2) Atelier d’écrire des chansons en quintils, les quintils prolongeant les strophes paires attendues d’un cinquième vers qui boucle ou ouvre encore sons, sens, vision - pour les refrains on pourra intercaler des strophes plus courtes, des tercets gagnants, des quatrains duos de duos.

     3) Atelier de composer des vers monostiches ou monostiques à partir d’extraits de poèmes resserrés en tel vers unique. Le long poème « Palais » pourrait distiller quel vers ? Et « La Maison des morts » ? et « L’Emigrant de Landor Road » ? Et bien sûr « La Chanson du mal-aimé » ? À l’inverse on pourra éclater, diffuser, épandre le monostiche d’Apollinaire « Et l’unique cordeau des trompettes marines » en un poème comportant dans ses vers des extraits de ce vers. []

     5) Atelier d’écrire des poèmes selon les 12 mois républicains ou sur nos 12 mois de calendrier en mêlant le climatique, le sentimental et l’existentiel. Vendémiaire : premier mois de l’année du calendrier révolutionnaire et tire son nom de la période des vendanges. Ou les 12 mois des formes poétiques : janvier des haïkus, février des sonnets, mars des ballades, avril des triolets, mai des estrambots, juin des poèmes en prose, juillet des odes, août des vers libres, septembre des tankas, octobre des fables, novembre des calligrammes, décembre des dialogues poétiques. Et en redistribuant à d’autres guises : janvier des ballades… puis les douze travaux, puis les douze tribus, puis les douze disciples, puis les douze syllabes… []

     9) Atelier d’écrire à temps un poème sur votre saison de cœur de corps ou d’âme en livrant un descriptif de la vie. Evoquer une saison vécue d’importance haute pour vous. Convoquer la saison qui changera tout. Convoquer un printemps et le raconter en deux endroits du monde où la nature ne le vit pas semblablement. Convoquer un été et raconter un voyageur sur chaque continent en bandoulière. Convoquer un automne et raconter les feuilles d’arbres divers en divers lieux. Convoquer un hiver et raconter là où l’on peut remonter un fleuve et là on ne le peut pas. Evoquer douze saisons de-ci, de-là, dans votre vie, passée ou future ! []

 

     11) Atelier de composer une suite de poèmes issus des voyages réels, littéraires ou imaginaires dans un paysage aimé et complexe. Doubler des récits de voyages en proposant des poèmes en parallèles qui ne soient redondants des proses descriptives ou narratives. Doubler ou intercaler pour que la chantefable sorte de l’unicité de la fabuleuse et médiévale amour d’Aucassin et Nicolette. Avec des passages lyriques, des passages apostrophant []

     12) Atelier de collages de paroles entendues ou imaginées en ménageant des vers de liens. Paroles de cafés, de restaurants, de rues, de couloirs, de transports, de plages, de côtes, de vallées et de collines. Paroles des écrans, des radios, des journaux, des paroles rapportées dans des paragraphes ou des valises. De gens proches, lointains, présents, absents, des invectives, des demandes, des informations, des mots troués, des instants de vie, des destins entrevus. []

     14) Atelier de composer un Clair de planète, d’astre céleste au choix : Clair de Lune… (reprenant texte Apollinaire après les Romantiques) Clair de Terre… (reprenant André Breton parmi les Surréalistes) Clair de Saturne (sur un mode verlainien) Clair de Grande Ourse (sur un mode rimbaldien) Clair de Vénus… Clair de Mars… Clair de Jupiter… Éclair de Zeus ! Très-clair de l’astre d’Apollon ! Clair d’Alcools, Clair de Calligrammes, Clair d’Apollinaire, Clair de Vers, Clair de Verre, Clair des profondeurs… []

     15) Atelier de composer un poème titré d’une date de votre époque pour portraits et/ou autoportraits. Date déjà vécue, date d’écriture, date projetée, un jour sur Terre, un soir sous les astres. La date pile d’il y a cent ans, la date pile dans cent ans. Prenez l’arbre généalogique depuis la base jusqu’aux plus hautes branches où vous puissiez []

     16) Atelier d’écriture de suite poétique contant une expérience particulière d’un moment de votre vie liée à un lieu ou à des lieux : l’école, les lieux de vacances, l’hôpital, un séjour à l’étranger, un exil, le lieu de travail, la rue, une cellule, les hôtels, un banc, un aller et retour entre Paris et Rome, entre Brest et Saint-Pétersbourg, entre Rhin et Tamise, entre les bords du Jourdain et vers Auteuil, sur une rive suivie longtemps la Bièvre souterraine ou la Loire sauvage, la vie dans un immeuble, dans ton quartier, dans mon jardin, []

     17) Atelier de poémer en essayant d’atteindre le niveau de beauté lyrique de ces deux vers « Les souvenirs sont cors de chasse / Dont meurt le bruit parmi le vent ». Ou de ces deux autres vers pris à une page au hasard de l’ouverture foliée : « Et je marche je fuis ô jour l’émoi de l’aube / Ferma le regard fixe et doux de vieux rubis ». Repenser à une parole de Nadja : « Moi, on ne m’atteint pas ». Faire place à l’émoi, à ce qui te meut, t’émeut, toi et pas juste moi, à ce qui vous émut, vous toucha comme main aimée, comme ombres d’arbres qui se penchent. []

     Texte v202 à Paris et banlieue les 13 et 14 juillet 2013, retravaillé et complété le 5 juillet 2018 puis à l’automne. 21e proposition esquissée à L’Haÿ-les-Roses en mai 2018, peaufinée l’été, puis l’automne.

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ACTE II du livre Au Galop bleu de la Beauté

 

         Colorisgraphes : nous faire peintres, artistes

     Mettre en couleurs correspondantes les caractères des mots signifiant des couleurs… « Le ciel est, par-dessus le toit, / Si BLEU, si calme… » Mais encore faut-il choisir le bleu approprié : magenta ? roi ? de Prusse ? nuit ? céleste ? azzurro ? de Songe ? pour ces vers verlainiens et cellulaires… Pourquoi ne pas mettre en couleurs complémentaires des adjectifs de couleurs, par exemple en vert le mot rouge, en orange le mot bleu, voilà presque qui croirait expliquer une aventure de Tintin ou un poème d’Eluard…

    L’idée et la pratique seraient de passer du Noir et Blanc des Calligrammes à la couleur, à la multiplication des couleurs dans les mots, les vers, les phrases. Comme dans mon enfance des années 60 lorsque les couleurs sont apparues dans la petite lucarne ou comme pour un artiste est-allemand qui peignait exclusivement en noir et blanc avant de passer à la palette des couleurs après la chute du Mur de Berlin…

    Les mots et aussi les mots proches des sonorités des couleurs peuvent être colorisés : le mot bleu, le déterminant « le » mis en bleu, la syllabe « rou » en roux ou rouge, la syllabe « ver » et en « verlan » la syllabe « rev » en vert… « Dans ces meuBLEUS laqués, rideaux et daismoROSES… »… Des bandelettes de couleurs peuvent mettre en évidence []

    Les synesthésies à l’origine du sonnet des voyelles de Jean-Arthur Rimbaud peuvent donner lieu à des colorisations en adoptant par exemple le code couleurs de ce texte : A noir, I rouge, U vert, E blanc, O bleu… On peut en inventer d’autres notamment à partir du jeu des mots : A rose (arrose), E jaune (œufs jaunes), I vert (hiver), U bleu (hublot), O range (orange)… La première voyelle du vers peut commander alors sa couleur. Ou la prime voyelle d’un mot phare de ce vers ou de cette strophe ou du poème. Les consonnes aussi ont droit à vos couleurs ! À vos pinceaux de mots, de lettres, que ça chante – visuellement ! On peut faire des insertions de photographies à dominantes colorées dans un recueil, dans un poème, dans un vers…

     La connaissance de la symbolique des couleurs peut guider la colorisation des poèmes. En laissant place à l’ambivalence des sens : le rouge ainsi peut indiquer l’énergie, la violence, la force vitale, la passion, la révolte… Ainsi les couleurs peuvent donner un message à traduire, à ressentir, à vibrer… Les couleurs ne seront pas appliquées que par bandes en renforcement des horizontales des vers, des lignes, des strophes, elles pourront cerner des mots, entourer des phrases, des textes.

     Des couleurs et des mots des couleurs, les élémentaires, les complémentaires et toutes les teintes du merveilleux nuancier traduit dans la langue peuvent être employées pour écrire un texte ou le compléter en le farcissant de ces couleurs et de ces teintes. Telle prose des Exercices de style déployait une palette et visuelle et verbale avant que les textes voisins du même livre de Raymond Queneau ne se colorent d’autres sensations.

     Matisse peint, tout vert n’est pas alors pelouse, tout bleu n’est pas alors ciel, nous prévient-il. Mais ces couleurs sont aussi la vie et forment un plaisir pour les sens, un moment de bonheur chromique. Si je n’ai pas de bleu, alors je mets du rouge, dit le Picasso qui ne s’embarrasse pas de vérisme ou réalisme plat et qui selon Prévert comme en passant croquait la pomme des natures mortes. Vous pouvez comme s’employèrent ces peintres qu’on appela []

     Les couleurs me semblent surabondance de vie et il me semble aussi qu’on n’y prête guère attention en-dehors des galeries et des musées. Or je sais que la vie était déjà en abondance dans toutes ces photos en argentique où les jeux de noir et blanc avaient un extraordinaire nuancier pour rendre compte par la lumière en tous ses jeux et feux de la vie même : vie et beauté, vie et société, vie et joie de vivre, vie et soucis de la vie, de Nadar à Cartier-Bresson, de Brassaï et Ronis à mon cher banlieusard Robert Doisneau [] aujourd’hui la photographe Maya Angelsen de L’Haÿ-les-ROSES qui sait capter le vif en tous sentiments et sensations dans un cadre où elle semble commander aux lumières d’alentour et du ciel pour organiser ses compositions humanistes encore.

     Les livres, me direz-vous, les romans et les recueils, n’ont pas besoin de toutes ces couleurs, puisque les couleurs y sont évoquées, suggérées, travaillées par le philtre de nos consciences de lecteurs riches des sensations de toutes nos expériences. Que peut apporter alors une esquisse de Littérature en trois Dimensions, en cinq sens (et une cartographie reliant des lieux convoquant des couleurs : L’Haÿ-les-Roses, Fontenay-aux-Roses, Montrouge, Collonges-la-Rouge, Chemin Vert, Vert-Galant… pour des randonneurs peintres et poètes !) ? Ce qui rejoint la question de l’adaptation cinématographique des œuvres littéraires ou de leur mise en format de Bande Dessinée. C’est peut-être l’expérience supplémentaire que nous aussi nous sommes peintres. Peintres avec ou sans les mots, peintres sur les mots, peintres autour des mots, des lignes et des vers.

     Apollinaire par ses Calligrammes publiés lors de son ultime année sur Terre nous avait invités à nous faire dessinateurs poètes, quêteurs de la Beauté en traits et courbes, n’est-il pas temps de nous faire orphistes à tous sens, []

     Post Scriptum En cherchant le vers « Et moi aussi je suis peintre », du Corrège devant un tableau de Raphaël, j’apprends par ce soir caniculaire qu’Apollinaire sous l’appellation d’Idéogrammes lyriques prévoyait la parution de poèmes à colorier avec une souscription que la guerre renvoya aux calendes grecques. Et me revient un « Ut pictura poesis » d’Horace en son Art poétique que je vous propose en « Luth pictura poesis » en ou « Harpoéthique » pour des livres opératiques. Va-t-on retrouver des textes qui attesteront qu’Apollinaire, poète qui forgea le mot « surréalisme », poète des seuils et des siècles, a visualisé des photopoèmes, des poèmes cinémas, des poèmes vidéogrammes, des poèmes mondes, des poèmes sondes.

     Texte y345 à L’Haÿ-les-ROSES le 2 août 2018.  Complété pour une parenthèse et le PS le 6 et le 7.

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             Amorces apollinariennes des Collines

     1, 2, 3, 4…  Quarante-cinq amorces extraites des quarante-cinq quintils du poème « Les collines » dans Calligrammes. Ce sont les initiales de chaque strophe du poète. Pourriez prendre les finales de chaque strophe ou le mille de chaque strophe ou un éclat au hasard de chaque strophe. Invitation, incitation, excitation à « l’écrirelire ». Chaque amorce verbale – que je surnomme « Amourse » – comporte ici un, deux, trois ou quatre mots. Un, deux, trois, quatre en « écholoré » ou décoloré à la marche militaire. Ici c’est chemin de poésie. []

 

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Acte III

 

     Quelle est la couleur du Pont Mirabeau par galop bleu ?

 

A) Apollinaire et les poètes

 

ET – Journal de mes Et

 

« Chantre

 

Et l’unique cordeau des trompettes marines »

 

Poème monostique ou monostiche, Alcools

Et cet extraterrestre aux huit yeux généreux (16. 03. 1989 à 17 heures 3)

Et l’Ange avertissant la Muse dédaigneuse (16. 03. 1989 à 17 heures19)

Et le lièvre jaloux du galop d’un cheval (19. 03. 1989 à 10 heures 48)

Et le bateau mortel sans souci de l’escale (19. 03. 1989 à 11 heures)

Et le ciel plus profond qu’un puits allant au centre (22. 03. 1989 à 21 heures 56)

Et le rat effrayant l’éléphant innocent (22. 03. 1989 à 12 heures 02)

Et le piège des mots de cette blanche feuille (23. 03. 1989 à 10 heures 36)

Et le sable couvrant tout le corps du recueil (23. 03. 1989 à 10 heures 39) []

*

     Une tournée d’adieux, quintils des Louchrostiches

L’amour est libre il n’est jamais soumis au sort
O Lou le mien est plus fort encor que la mort
Un cœur le mien te suit dans ton voyage au Nord

Voyage par le songe et que songe est la vie

      Et la vie un soleil une autre sphingerie

Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie
On aime en recevoir dans notre artillerie
Une par jour au moins une au moins je t’en prie

Poème si tu veux prose alouette ton chant

      Envoie un baiser chaud qui parcoure le temps  []

    Acrostiches de Lou par Apollinaire 4 février 1915 in Poèmes à Lou,  2 vers pour quintils par « Lourent » 26 juillet 2018, notant pour un futur Malou, Filou, Gilou, Flous…

*

Pétition :  LIBÉRONS IMMÉDIATEMENT APOLLINAIRE !

     Admirateur de l’œuvre comme de son regard sur le monde, un regard qui féconde tout l’avenir des 20e au 40e siècles, je lance aujourd’hui une pétition pour faire sortir le poète Guillaume Apollinaire de prison. Il est inadmissible dans une république de droit qu’un écrivain et ami des arts soit inquiété et incarcéré pour une affaire au mépris total de la présomption d’innocence et de la liberté d’expression, tout tient à un malentendu qui sera vite dissipé si on le laisse s’expliquer sans pression et si on se décide à faire avancer véritablement l’affaire en s’attaquant vraiment à qui mena ce malheureux forfait. L’Histoire et la Justice verront bien qu’il s’agit du contraire de l’art, puisqu’un Nationalisme revanchard a seul conduit un cambrioleur loin très loin d’une fantaisie de moustaches ou de calligrammes à fontaines poétiques.

      J’aurais volontiers demandé que le livre pourtant excellemment écrit et composé de Franck Balandier soit soumis à la censure : son Apo - à la suite ou façon d’un Raphaël Jerusalmy mettant en scène avec Les obus jouaient à pigeon vole le poète sur le front en mars 1916 sous son surnom de bateau-ivre Cointreau-whisky - a osé présenter les faits sous un jour falsifié et imputer le vol de la Joconde à deux compères braques, dont Guillaume, et on y est, on est à sa place, dans les couloirs et la nuit du musée par cet été onze et de fil en aiguille cela fait admettre la culpabilité de mon client, euh du grand poète, dont je vous dis qu’il n’a rien à voir avec cette histoire de vol d’un tableau du Seizième, quoi Auteuil, c’est dans le Seizième ? Je vous parle du siècle… Vous savez bien, vous savez tous, que notre Apollinaire est passionné d’art primitif ou d’art contemporain ou d’art à venir et nullement entiché des beautés d’une Renaissance dont il n’a que faire. Des statuettes africaines, oui, des toiles de Braque et Picasso pour ses murs cubistes, oui, mais le sourire de Mona Lisa, non, ce n’est pas sérieux, ce serait comme supposer qu’André Malraux a fait du trafic d’œuvres d’art dans sa jeunesse avant d’être ministre de la Culture.

     Finalement en lisant plus avant le « roman » de notre impertinent F.B., je m’aperçois qu’il œuvre par sa construction narrative élaborée d’une intelligence de chat à retomber sur ses pattes et que mon motif de censure s’évapore. Autre signe d’intelligence ou de précaution quand il nous engage d’emblée à « démêler le vrai du faux ». Je suis sensible aussi à votre argument de défense complète de la liberté d’expression littéraire et artistique. N’est-ce pas cependant de sa part une provocation alors que notre monde moderne et très précisément de la dernière contemporanéité souffre de la multiplication des « infox » et que la dernière salubrité publique est la vérification des faits en chasse indispensable pour l’établissement de la vérité, en supposant que le déterminant défini singulier soit le plus approprié. Hasard ou pas, vent qui arrivait ? j’ai composé naguère deux tomes très autobiographiques pour les Ailes des Châteaux où je jouais d’hypothèses fictives et parallèles sur ma vie où le lecteur pouvait opter ou pas pour la réalité d’une vie, mais deux autres tomes sont venus où je m’éloigne de mes petits secrets pour concevoir des fictions qui n’ajoutent pas des voiles de complexité aux personnes réelles du présent ou du passé.  []

     Et je me ressouviens que dans la fameuse chanson de mon enfance ou de l’enfance de la France, sur le Pont d’Avignon on y danse on y danse et que c’est une moitié de pont pourquoi moitié. Bon allez mon tragique disparaîtra demain, vous vous y êtes peut-être par imprégnation professionnelle en évoluant dans la sphère des grands compositeurs romantiques, notamment pour lesquels vous fîtes biographies saisissantes, mais aussi des divas et ténors magnifiques, et dans celle des personnages des opéras tragiques qui meurent à tour de bras dans le dernier acte (est-ce pour m’éloigner de la linéarité de biopics dessinant une frise de la vie à la mort en passant par ascension, acmé et déchéance, à m’accabler lecteur, spectateur ou vivant que je voulus bâtir pour conter mes jours de petits labyrinthes, des châteaux avec des ailes ?)

     Demain, demain, je me rappellerai que nous sommes dans le pays et la langue de Molière, le plus grand auteur de comédies et que je me suis fait photographier près de son buste dans la Roseraie de L’Haÿ, en tachant de renvoyer sa mort hors scène, loin des facéties et bons tours pour le quatrième mur ouvert, plus loin que ce jour où la grande Dame qui chantait « Respect » la Reine de la Soul vient de quitter la scène, en incipit d’article sur un destin historique et légendaire de grande chanteuse nous quittant par là-même. Demain, demain. Je reviendrai au bleu, sans plus de bleu à l’âme, au bleu de l’aventure des couleurs qui est celle de la vie même. []

**

Eh toi Guillaume,

     et si tes quintils d’Alcools étaient comme de « pauvres mains » qu’agitent les feuillards ? Depuis lurette, j’avais reconnu dans ton Calligramme aux vers cordelettes de pluie « Il pleut » une féminine main gantée. Quintils strophes de cinq vers, strophes de cinq doigts, doigts longs de fées, de sorcières, de poètes, doigts horizontaux de la pluie. Et cinq doigts aussi dans les cinq rayons de l’autre calligramme pluvieux « Écoute s’il pleut écoute s’il pleut ».

     Oh mais tu as mis dans « Les collines » quarante-cinq quintils plus libres encore que ceux d’Alcools encore octosyllabiques mais s’affranchissant davantage du jeu des rimes et des assonances et tu évoques ces deux avions, l’un de ta jeunesse, l’autre de l’avenir, tu dis adieu à la jeunesse, à ta jeunesse, tu fais parler la prédiction et tu prends de la hauteur, hauteur d’avions, hauteur de vues, tu es peut-être le premier poète sur la Lune, sur Mars et sur Vénus, tu parles de nos zones urbaines, périurbaines, mais tu visites aussi les zones lointaines du cosmos, et ton z est aussi celui d’un zénith flamboyant, je me demande si tu t’es changé en étoile fixe ou mobile à nous regarder et parler encore, si tu es devenu toute une constellation, celle de tous les poètes et de toutes les poètes qui sont nés de toi, la pléiade des poètes modernes et anciens, chez qui tu as infusé tes rythmes, tes images, tes sortilèges, et par tes collines bleues, des mondes nouveaux, peut-être es-tu devenu un drone et que tu te promènes curieux de la vie et de ce qui advient.

     Dire que c’est seulement hier, après des mois d’avoir choisi pour titre de mon hommage au poème que tu fus, à l’œuvre dont nous naquîmes, Au Galop bleu de la Beauté d’après ce distique tien entendu un jeudi soir aux « Ricochets poétiques » « Le galop bleu des souvenances Traverse le lilas des yeux », lu par Maggie, Nicole ou Jean-François triumvirat d’animation pour rebonds du poème sur un thème à ce moment dévoilé et source de lectures et d’impromptus parmi les amis de la poésie et les poètes qui piaffent, d’avoir compris disais-je que ce bleu là était comme l’éclair du souvenir qui tout d’un coup affleure à la conscience et colore le regard plus intense de ce retour.

     C’est comme si la poésie – au galop, au galop –  était plus rapide que mon intellection et qu’il fallait du temps tous ces pétales des secondes tous ces aiguillons des minutes toutes ces heures parfumées tous ces jours foliés et défoliés pour que tes images Guillaume arrivent à leur dépliement et déploiement dans mes hémisphères. « Certains hommes sont des collines Qui s’élèvent d’entre les hommes » ce sont deux vers d’un quintil de guerre et tu repris l’image d’élévation où tu voyais cocasse, tragique, ironique, sincère, la modernité de la vieille église avec ce Christ qui monte au ciel comme les aviateurs, c’était dans « Zone » à l’entame de ton Alcools de 1913, avant la guerre, et tu disais ta lassitude du monde ancien, et c’était étrange vraiment d’aller chercher là hors de sa paille et de sa croix, hors du Livre et des lieux de pierres, l’homme Dieu, pour son ultime ascension terrestre et céleste et dans ton dernier livre, la guerre traversant, la guerre traversée, tu continues avec tes aviateurs, avec ton goût pour les objets volants, et tout ce qui monta au ciel et tout ce qui en tomba, pendant ces cinq années de guerre mondiale, avait le goût d’une conquête, d’une bataille épique, avec des dieux mêlés dans le ciel des aviateurs, []

     Les jardins de la guerre sont effroyables, tu les chantes, les décris, la terre est bleue comme une orange, au détour d’une strophe tu le dis avant Éluard, la terre est rouge comme une grenade et main ouverte tu la lances ou l’attrapes. André Salmon était ton ami, André Rouveyre était ton ami, tous les André ce sont les « hommes » sur le front, comme ton camarade René Dalize et qui n’en n’est pas revenu, qui n’est rené que dans la mémoire et dans l’exergue. Tu parles de Jason, d’Ulysse, des Grecs, déesses, d’un chat-huant, des fantassins, d’un brancardier et de son chien, d’un vigneron champenois, de la fable d’Icare volant et de l’histoire de Guillaume Apollinaire, que tu lègues à l’avenir page 124 dans des feux versicolores. Je te serre la main doucement ce quintil Et pendant que de l’autre en écris le roman.

             Ty374 dimanche 26 août 2018. 24 der syllabes ajoutées le 27.

**

Retenez ce Guillaume et les guerres avec !

      Finalement Franck, c’est une bonne idée d’essayer d’inculper vraiment celui que tu appelles Apo au sujet du vol des statuettes et de la Joconde. Certes ça fait déjà une intrigue aux petits oignons et ça permettra peut-être, je dis bien peut-être, de nous le garder au frais plus que les trois jours qu’il conte dans son Alcools avec les pages « À la Santé ». Pages où le Guillaume pleure sur son sort d’avoir dû se présenter nu et hulule sur sa cellule. Le plan serait de lui éviter de partir au Front et d’éviter l’éclat qu’il y recevra, sur le front, en 1916, oh le poignant compte à rebours qu’en fait le Jerusalmy, à le relire je n’y ai pas vu la pâle et grise prose d’un journal de bord de tranchée de mon premier parcours car mon regard s’attardait aux haltes : des strophes superbes de Guillaume lui-même.

     C’est justement là que le bât blesse : cette beauté des vers de l’inventeur du mot surréaliste et pas seulement parce que toute prose en regard, fût-elle hyper-construite, fût-elle sensible, alerte, cocasse, vraie, me paraît d’une fadeur qui serait pas verlainienne et cause en moi un ennui qui n’a pas la qualité du spleen baudelairien et l’envie de fuir, là-bas fuir, au pays des steamers ou vers les terres abyssiniennes mais c’est que le splendide des strophes apollinariennes, le feu d’artifice lyrique et épique de ses poèmes de guerre, fait en même temps hélas valoir la guerre comme un terrain de jeux poétiques, pictural, artistique, un calligramme vivant et mortel, un opéra fantastique où les obus jouent à pigeon vole, où le ciel s’étoile de couleurs éclatantes, où tous les prosaïsmes terribles du combat et de sa préparation au jour la nuit, dans toutes ses directions et dans tous ses détails, écrasent l’art, l’esthétique, la vie, les vivants, les êtres humains qui dans cet écrasement terrible voient leur humanité vaciller et tomber tout autant que leurs corps. Et pourquoi c’est un problème aigu les vers superbes d’Apollinaire ? Oh c’est pas parce qu’il se montre patriote lui qui né à Rome est d’origine polonaise, et entend pour se faire reconnaître de la France, défendre son pays de l’attaque ennemie et le Blaise Cendrars perdra pour cette même reconnaissance et cette même défense un quintil de doigts sous le vent de la mort.

     C’est parce que ses strophes enfants de la catastrophe portent une fascination, haussent le prestige de la guerre qui menaçait d’avoir du plomb dans l’aile avec cet enlisement, avec cette « absurdie » des haines kilométriques en face à face – et bientôt les Dadaïstes, les Surréalistes et tant d’autres regroupements d’artistes en -istes vont vouloir déboulonner la guerre de son piédestal et y parviennent – presque, presque ! - et bien sûr tous les coups de boutoir de ces écrivains revenus du front et témoins fustigeant de Barbusse à Remarque, à Genevoix, montrant que d’être allés la fleur au fusil pour la Der des Der, faisait tomber de l’erreur entraînante à l’horreur entraînée. Oh retenez, retenons Apollinaire qu’il ne s’émerveille pas de la guerre, de cette guerre qui va l’atteindre mortellement, car il est arrivé épuisé sur l’autre front mortel de la grippe espagnole, retenez-le quelques années, sept années, sept années de douleurs, de longueurs, d’impatience, mais qu’il passe ces années de guerre et survive au moins, libéré et toujours génial poète, jusqu’à la Seconde Guerre…

      Texte y452 écrit dans le TGV entre Paris et Lorient le der de Vendémiaire 2018, pour « empêcher » que Guillaume Apollinaire ne meure de front et de grippe !

*

    Retenez les guerres et ce Guillaume avec !

     Oh je pensais mieux vaut un poète emprisonné qu’un poète mort ! mais retirer la liberté au poète c’est le priver de sa poésie même, alors de mon souhait désespéré de changer le cours des choses, d’éviter une catastrophe, de sauver un poète du passé ! le sauver de la guerre et le sauver d’une grippe mortelle, afin qu’il prolonge son œuvre par-delà le terme fatal de ses trente-huit ans alors qu’il aurait gagné l’âge d’un Victor Hugo, passé le cap des deux guerres mondiales, et ne s’envole colombe ou aviateur au ciel que d’avoir abordé au rivage des années soixante, de mon souhait ridicule et vain, je fais l’abandon, par retour de la raison raisonnante à se parer du beau nom de lucidité.

     Libérez donc Apollinaire, libérons-le et qu’il reçoive, lieutenant sur le Front, son attestation qu’il est bien devenu Français, son acte de naturalisation, le soldat Moreau en a été témoin, au bois des Buttes par ce pli d’état-major, lui qui pour passer le temps et la vie fait des croquis, des croquis à foison, tiens comme M. Blanche, de la famille de l’humoriste comédien poète et de la famille aussi de Mister White que j’ai vu ce matin même traverser la Bièvre, soldat Moreau qui apprend yeux grands ouverts et oreilles idem de la bouche du lieutenant lettré ce qui se passe dans le Paris des écrivains et des artistes, tous amis comment c’est possible avec le poète qui lui a lu des lettres et des vers, et ce que je vous dis là, comment moi je le sais, de mon premier quart de siècle du siècle d’après ?  []

     Et dire que moi je me débats pour sauver un siècle après ce même poète et que mon dire est vain et que mon action ne peut rien par rapport à ce qui fut ou se déroula. Comme le dit le documentaire scientifique en dessin animé : Mais bon vous mourrez quand même. Et 1916 arriva vite dans l’Histoire d’Apollinaire et dans l’Histoire littéraire pour subir cet éclat d’obus avant sa mort, la dernière !, le neuf novembre 1918, deux jours avant le silence des armes et que des gens sur le Boulevard Saint-Germain criaient leur haine et leur bonheur.

     Texte y453  TGV entre Paris et Lorient le der de Vendémiaire 2018, par retour de « lucidité ».

*

     Et sur la Toile :

    Le Blog du Verbe Poaimer, d’association de création poétique. La page ACROSTICHES, POEMES, JEUX, COURRIERS par temps de confinement Verbe Poaimer, lors de ce printemps 2020, fait partie des blogs les plus populaires sur Canalblog catégorie « Littérature et Poésie ».

     Le Blog de Monsieur Dyrek, de productions d’élèves (240 000 visites depuis création)

      Le Blog Les Jours, les Vers et les Années, Le Filateur littéraire, la Fausse lettre, le Feu de bois sec, la Fable en prose high-tech par Desvoux-D'Yrek un jour de mai, Publié le : 7 mai 2020 00:20:36 par Desvoux | Littérature et Poésie, un article cité, concernant un courrier attribué récemment à Madame de Sévigné et révélé comme pastiche.

 

laurentdesvoux.canalblog.com/archives/2020/05/04/38259261.html

*

Facebook de Laurent Desvoux-D’Yrek avec les 4 pages :

    « Photos d’Alexandrins et légendes en vers », alexandrins urbains tous azimuts !

    « Les Ailes des Châteaux, un OVNI littéraire », proses labyrinthiques de Laurent 3D

et la page qui relaiera vos réactions à ce livre de Galop :

    « Au Galop Bleu des Citations à couleurs toutes » ! avec photos et textes mettant en avant la réalité colorée du monde.         

    « Qui a créé le Bateau-Ville ? notre enquête… », participez à l’enquête sur le monument de bois qui fut au Café de la Gare dans les années 70 et maintenant s’ancre à l’Auditorium Dispan de Floran. Et laissez-vous inspirer par le thème en poèmes, récits et dessins !

 

Contacts d’adresses électroniques : monsieurdyrek@yahoo.fr   avpoaimer@yahoo.fr 

**

QUINTILS POUR LE PREMIER

CENTENAIRE D’ALCOOLS  de 1913 à 2013

 

Ta poésie Alcools 100 ans toujours au temps

 

Alcools de Guillaume Apollinaire, livre publié en 1913

- comportant laisses de quintils à magie poétique décisive.

 

01) QUINTILS AUX LIMINAIRES D’APOLLINAIRE (2013)

 

Dirait qu’

On dirait que le vent dit des

Phrases latines cum libris

Alexandrins que je scindais

Pour faire taire leur hybris

Leurs grands cous de Jérimadeth

 

*

 

Retour

De douloureux et de joyeux

Voyages retour à Lutèce

Ton rêve de verre était bleu

Et tu chantais des mots qui est-ce

Par l’étincelle d’un Orfeu ?    []

**

13) QUINTILS CALLIPORTRAITS DIX-HUIT (2018)

 

Bonhomme

     Un gros bonhomme Qui me dit / Que peut-on trouver dans ton livre ? / La question serait plutôt qui ? / C’est la réponse encore à suivre / Dans un escalier de la vie

*

Painvin

     Vois-tu le personnage maigre / Et sauvage que tu devins ? / Cet échange devint vinaigre / Oh partageons le pain, le vin / Tout en chantant des allègres !

**

    Pour se procurer :

AU GALOP BLEU DE LA BEAUTÉ

 

- CES « QUINTILÈNES »

 

     par Laurent Desvoux-D’Yrek, sur le pont pour éclairer la magie des quintils, des strophes, des vers et des poèmes d’Apollinaire.Préface de Jean-François Blavin, animateur des « Ricochets poétiques » et de « La Cave à poèmes ».

 

Éditions Unicité

Livre de 250 pages de poèmes et proses, de réflexions sur la poésie, de propositions d’écriture dans l’allant et l’élan du poète Apollinaire, d’analyse de ses poèmes, de ses strophes, quintils d’Alcools ou calligrammes. 14 pages de photographies en couleurs

A commander directement sur le site des Editions :

http://www.editions-unicite.fr/poesie.php

  ou dans les librairies « L’Instant » (118 rue de Lourmel) et « Dialogue » (rue de la Convention)

     Personnellement pour aider la maison d'édition et une librairie, en délicate situation avec la situation de confinement qui a duré 55 jours,  j'ai commandé six ouvrages de poésie du fonds d'Unicité... et il y a de la Diversité ! (je vous en reparlerai une fois les livres reçus et lus !)

    ou auprès de l’auteur apollinarophile,

    avec votre dédicace personnalisée :

Laurent Desvoux-D’Yrek, Association Le Verbe Poaimer,

Moulin de la Bièvre, 73 Avenue Larroumès 94 240 L’Haÿ-les-Roses

Exemplaire à 18 , chèque à l’ordre du Verbe Poaimer (dont participation de 2 aux frais postaux)

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Les Jours, les Vers et les Années par Laurent Desvoux
  • De 1989 à nos jours, des poèmes de Laurent Desvoux à s'offrir ou à offrir pour 1 jour d'un anniversaire, d'1 naissance, d'1 événement, d'1 fête. Avec "Les Jours, les Vers et les Années" repérez le poème qui correspond au jour de l'année choisi, savourez
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